Il y a peu de temps je passais par Strasbourg et remarquais que le tram ne s’arrêtait plus dans le centre. Aux alentours du marché de Noël, il fallait passer par des contrôles réalisés par le Groupe Valliance Sécurité.

D’une part, je m’étonnais que ce fût une entreprise privée qui avait le droit de me demander d’ouvrir mon sac, et le responsable du point d’entrée se fâcha même, lorsque je lui demandais qui ils étaient pour avoir cette autorité. La police nationale n’était pas loin, mais j’étais assez marri de me dire que la mairie de Strasbourg donnait un pouvoir à ces gens que je ne connais pas, dont je ne sais pas qui est le propriétaire et dont je ne sais pas comment ils sont formés. Je pestais surtout de ne pas connaître mes droits en la matière.

D’autre part, après une courte altercation avec le barbu qui s’agaçait qu’un citoyen puisse dire quelque chose, sans passer à la queue leu leu comme un mouton à lui montrer le contenu de mes affaires, je le regardais avec défi, me moquant de ce contrôle si inutile, dès lors que j’avais pas mal d’objet dans mon sac à dos et que j’aurais tout à fait pu mettre une arme de poing en dessous. « La bombe est en-dessous » lui dis-je donc en partant et en regardant mon vis-à-vis droit dans les yeux.

Je pensais donc que ce contrôle était donc presque inutile, ne protégeant que contre l’entrée . Mais, le soir, en y réfléchissant je révisais mon jugement, me disant que ceci n’était qu’un premier pas, qu’il y aurait un attentat dans le centre et qu’au lieu de se dire que ces contrôles étant anxiogènes, chronophages, couteux et inutiles, il fallait cesser et préférer une police plus discrète mais présente près des gens et pouvant intervenir rapidement, mais qu’au contraire, la mairie, appliquant le principe de précaution, dirait qu’il fallait renforcer les contrôles.

De là à ce que le Pouvoir (s’il n’est pas chassé avant) mette en place un système de contrôle social, tel que les Chinois sont en train de mettre en place avec le crédit social, il n’y a qu’un pas. Déjà que le marché de Noël est devenu un attroupement de touristes. Ces riches parasites qui viennent avec son argent chasser l’autochtone mais aimerait tout de même voir de ces gens pittoresques puisqu’il a fait 10 000 km pour les prendre en photos dans leur environnement., dont des riches Chinois qui viennent acheter des marchandises produites par des pauvres Chinois dans leur ville…

Il suffira donc d’interdire l’accès à toute personne fichée (et on peut multiplier les raisons de le faire à l’envi) ou toute personne qui n’a pas la note sociale nécessaire, pour que l’élite cosmopolite des centre-villes puisse vivre dans sa bulle, se séparant du reste de la population. Seuls leurs domestiques seront autorisés à venir travailler à leurs domiciles et dans leurs boutiques de luxe, et loin des classes dangereuses de la périphéries.

Evidemment nous parlons là d’un scénario qui se déroulerait sur quelques années. Il leur faut toujours temporiser pour que les lanceurs d’alerte s’épuisent à crier, que les sceptiques s’habituent à trouver normal le nouveau contrôle liberticide et qu’une fois que plus personne ne râle, chauffer l’eau de la grenouille jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que, cuite, elle ne puisse plus s’enfuir. Je suis moi-même d’une génération qui prenait beaucoup moins l’avion qu’aujourd’hui mais qui pouvait aller dans un aéroport et prendre l’avion sans se faire fouiller ; les jeunes nés dans les années 1990 doivent déjà n’avoir plus aucun souvenir de cette époque. Les enfants dans les années 2010 n’auront sans doute jamais de souvenir de centre-villes dont les accès n’étaient pas contrôlés. Et pour gagner du temps aux portes, il sera bien sûr beaucoup rapide de pucer les gens ou d’installer des caméras à reconnaissance faciale. Un jour tout le monde trouvera ça normal.

Et les vieux “complotistes” qui pensaient que les contrôles de sacs à l’entrée du marché de Noël, en 2018, étaient aussi inutiles que dangereux, seront morts, en prison, ou reclus dans la France périphérique. Celle que visiteront les bobos du centre quand ils iront visiter la Montagne des singes et les réserves naturelles de vieux être humains qui avaient encore des genres, ceux qui n’étaient pas des transhumains, voire des robots.

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